Aéronautique et autonomie : tendances et enjeux à la veille d’un bouleversement

C’est aujourd’hui la perspective de taxis volants qui incarne l’avenir de l’autonomie dans l’industrie aéronautique.

Hier, seules quelques start-ups expérimentant dans des régions à la réglementation avantageuse étaient mises en valeur, mais aujourd’hui le sujet est porté par les grands noms du secteur aéronautique. L’autonomie est en marche pour conquérir les airs, et se retrouve aujourd’hui au cœur des ambitions stratégiques des acteurs historiques du marché.

Quel est le tracé de la course vers l’autonomie dans l’industrie aéronautique et quelles positions sont aujourd’hui prises par ses compétiteurs ?

L’autonomie est contrainte par trois facteurs :

  • La technologie doit évoluer pour s’adapter aux besoins croissants en termes de sécurité et de fiabilité. L’avionique embarquée, brique technologique critique, devra répondre à des critères de disponibilité et de robustesse bien plus exigeants qu’actuellement. Les fonctions de Detect&Avoid, de communication, de navigation et de mapping collaboratifs devront offrir une précision et une performance accrues.
  • Par ailleurs, si la feuille de route tracée par l’EASA (European Aviation Safety Agency) prévoit l’intégration des drones avec passagers dans l’espace aérien (U-Space) d’ici à 2028, le cadre réglementaire reste à définir.
  • Enfin l’acceptation sociale sera dans les prochaines années un obstacle à surmonter, selon UBS la moitié des interrogés n’accepteraient pas d’acheter un billet d’avion sans pilote.

Ces facteurs font que l’autonomie apparaîtra de façon incrémentale. Les avions à un seul pilote (SPO : Single Pilot Operations) seront une étape intermédiaire. En ce qui concerne les drones autonomes hors champ de vision (BVLOS : Beyond Visual Line of Sight), les premières applications se dérouleront en zones non-habitées, par exemple pour la surveillance de réseaux linéaires.

N’en déplaise à certains, la livraison à domicile ne se normalisera pas avant au moins une décennie.

L’autonomie prendra une place de plus en plus importante dans notre mobilité d’ici à 2050.

Elle absorbera in fine la quasi-totalité des parts de marché. Tous les acteurs du secteur aéronautique investissent donc actuellement pour assurer leur pérennité.

Airbus et Boeing préparent l’apparition du SPO, attendu pour 2025. Mais ce n’est pas uniquement sur leurs marchés historiques que les deux géants veulent s’imposer. Airbus a dévoilé ses projets de robots taxi Vahana et Pop Up pour adresser le segment de la mobilité intra-urbaine.  

Les géants de l’industrie aéronautique ne sont pas les seuls compétiteurs. De nombreuses start-ups sont porteuses d’innovation et les acteurs du monde de l’automobile y voient une opportunité de diversification, comme Daimler qui a investi 25 millions de dollars dans la start-up Volocopter. Les géants de la tech ne sont enfin pas en reste : Google a engagé 100 millions d’euros en ce sens et Uber souhaite imposer son concept de taxi volant pour une mise sur le marché en 2023.

Les modèles de valeur des applications autonomes sont principalement liés au service.

Nous estimons que ce modèle sera celui des drones de surveillance et de transport. Un agriculteur pourra par exemple commander un service de drone BVLOS pour surveiller l’état de santé de ses cultures. Les revenus seront générés par les prestataires de service au contact du client final via des applications, et ne seront redistribués que dans des proportions moindres vers les autres acteurs de la chaine de valeur (fabricants de composants, équipementiers, intégrateurs).

Ce schéma explique les efforts visibles de diversification des acteurs d’un nouveau marché qui n’a pas encore vu son environnement compétitif se figer. Airbus et Daimler ont compris que rester au contact du client final est stratégique. Daimler a acheté Chauffeur Privé, Airbus a lancé son service Voom à Mexico et São Paulo, plateforme pour réserver son trajet d’hélicoptère en ville.

Suivant la même tendance, des dronistes tels que DJI ou Parrot proposent des prestations d’opération et d’analyse de données.

L’intégrateur de la plateforme est aujourd’hui en tête sur plusieurs fronts.

En segmentant ses appels d’offres, il contrôle le pouvoir de ses équipementiers. En maîtrisant le véhicule de demain, il acquiert la légitimité pour proposer une offre de service sur les segments émergents. Certains ont compris que cette position est maîtresse, comme Rolls-Royce, pourtant jusqu’alors équipementier dans le secteur aéronautique qui développe sa solution de taxi volant en s’affranchissant de ses principaux clients.

Différents mouvements stratégiques sont identifiés pour accéder aux marchés de l’autonomie.

Se rapprocher du client final sur des segments disruptifs en est un. Le second est évidemment la capitalisation sur ses offres actuelles. Des acteurs comme THALES disposent des compétences pour imposer leur empreinte sur les applications BVLOS de sécurité civile. Enfin, impossible de ne pas évoquer les partenariats ou joint-ventures qui sont aujourd’hui des leviers incontournables pour être en tête de course. S’allier pour aller plus vite et être plus forts, Safran l’a compris dans le cadre de son accord avec Bell sur la motorisation hybride.

Mais alors comment répondre à ses nouveaux enjeux ? Comment orienter sa proposition stratégique pour sécuriser ses parts de marché actuelles et s’ouvrir vers de nouvelles opportunités ?

Fort de son expérience de plus de 30 ans dans l’industrie aéronautique, IAC Partners vous accompagne dans l’identification des segments de marché à fort potentiel et la définition de propositions de valeur cohérentes avec une roadmap de montée en compétences, pour vous permettre de trouver votre place au sein de la course à l’autonomie.

Article rédigé par Julien Vauchel, Consultant.

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